Franck De Winne, séjournât à bord de l'ISS en 2009. Il fut le deuxième belge à rejoindre le club très restreint des invités de la station spatiale internationale. Aujourd'hui il dirige le centre européen des astronautes à Cologne, ou des volontaires du monde entier se préparent au voyage de leur vie.
Article paru dans Plus magazine numéro 333 en janvier 2017
Auteur Ann Heylens
Franck De Winne, 59 ans et son épouse russe Lena Clarke, Se sont installés à Cologne. Pour un astronaute, les frontières sont toutes relatives. L'homme nous reçoit dans son bureau, sur le site de l'agence spatiale européenne (ESA) . Les astronautes s'exercent à deux pas d'ici, dans une réplique du module Colombus, Le laboratoire européen de la station spatiale internationale, l'ISS , où chacun d'entre nous séjournera pendant six mois.
-Vous entrainez les astronautes ! L'envie ne vous démange pas de retourner dans l'espace ?
Si l'occasion se présente, je dirais oui tout de suite. Dans l'espace, le travail est extrêmement concret et les résultats immédiats. Mais ce n'est pas à l'ordre du jour. L' ESA programme un vol par an, en ce moment, 6 personnes sont sélectionnés sur 10 000 candidatures, ce pourquoi il n'y a pas de Belges en lice. Nous devons laisser leur chance à des candidats de toutes nationalités.
–Il faut sans doute avoir un mental fort pour être spationaute ?
Absolument. C'est crucial. La sélection psychologique est encore plus poussé que la sélection physique. Les candidats doivent être extrêmement flexibles mentalement, Car tout change et évolue en permanence. Parfois, on doit avancer un vol ou le retarder, modifier le programme prévu… il faut pouvoir s'adapter. Par ailleurs, on passe 6 mois dans la station spatiale internationale avec des gens de toutes cultures et nationalités. Ce n'est pas toujours facile à gérer mentalement. Nous essayons de préparer les spationautes à tout cela.
–Cette expériences a-t-elle changé?
Pas particulièrement, car tout ce qu'on vit nous façonne, nous modifie. Plus que mon séjour dans l'espace, Je pense que ma mission d'ambassadeur de bonne volonté auprès de l'Unicef m'a marqué. Je suis allée au Darfour pendant la guerre civile. Quand on voit, sur le terrain, ce que les gens sont capable de s'infliger, Quand on parle avec des adultes et des enfants mutilés qui se battent malgré tout pour survivre, je vous assure que cela laisse une impression profonde. Et cela a nettement plus modifier le regard que je porte sur l'humanité que, mon séjour dans l'espace.. Même si cela reste une expérience inouïe.
– Observer la Terre au-delà du cosmos doit tout de même être bouleversant…
On se rencontre de la vulnérabilité de notre planète, la la finesse de sa couche atmosphérique, cette masse protection que nous malmenons tant. On se rend compte que les frontières n'existent pas. On se dit : mais que sont-ils en train de faire ! ? S'il existait une forme de vie extraterrestre, je me demande si les extraterrestres nous trouveraient intelligents.
-Vous êtes convaincu que cette forme de vie existe ?
Oui tout à fait. Je n'en ai pas la preuve mais statistiquement, C'est quasi certain. Il y a 500 ans, L'homme pensait que la terre était au centre de l'univers, Que le soleil les étoiles tournait autour de nous. Aujourd'hui on sait qu'elle n'est qu'une planète parmi toutes celles qui évoluent autour du soleil, Dans un minuscule recoin de la galaxie. Et nous aurions la prétention de croire que nous représentons la seule fille dans l'univers
? Ce serait se montrer aussi obscurantiste qu'il y a 500 ans.
–Selon vous à quoi ressemblerait la vie extraterrestre ?
Je ne parviens même pas à me le figurer. La vie extraterrestre est certainement très différent de tout ce que l'on imagine. Mais nous devons rester humble et admettre que nous sommes minuscule au sein du vaste univers.
–Dans la conquête spatiale, Mars fascine depuis des décennies. Pourquoi ?
Parce que Mars est la seule planète de notre système solaire situé dans la zone où la forme de vie serait possible. C'est notre planète sœur on sait qu'il y a eu de l'eau sur Mars. Y a-t-il aussi de la vie ? C'est fascinant. Mars sera la toute première preuve de vie extraterrestre.
Pour beaucoup d'entre nous ce qui se joue dans l'univers est difficilement concevable… Pour tout Le Monde ! Nous sommes capables de nous représenter ces échelles de temps. Notre cerveau n'a pas cette capacité c'est pareil pour les astronomes mais la curiosité en revanche est inscrite dans nos gènes.
–Et vous comprenez-vous le fonctionnement de l'univers?
Franchement, non. Le soir, je n'essaie surtout pas de réfléchir à la nature de l'univers, en expansion ou non, fini ou infini… sinon je la dormirais plus. Après le big-bang l'univers est entré en expansion. Peut-il continuer à grandir à l'infini ? Il doit bien y avoir une limite. Mais qu'y a-t-il après cette limite? Et, qui avait-il avant le big-bang !
–l'homme s'investit-il suffisamment dans la science, la connaissance!
Le problème c'est que les entreprises attendent un retour rapide sur leurs investissements. alors que la science fonctionne à long terme, loin de toute considération financière. C'est pourquoi l'aide d'état compte énormément. Il est certain que l'exploration spatiale nous a déjà beaucoup apporté. Sans cela les télécommunications, TV, GPS… N'existeraient pas la plupart des données concernent le réchauffement climatique nous viennent de la recherche spatiale. -Qu'est-ce que l'exploration spatiale va nous apporter à l'avenir?
Je l'ignore. Sur terre, certains métaux sont désormais épuisés les trouvera-t-on sur Mars ?
-À titre personnel, qu'avez-vous envie de réaliser encore ?
l'ESA travaille actuellement à l'envoi d'un ou d'une spationaute Européen.ne sur la Lune d'ici 2030 j'espère sincèrement voir ce projet concrétisé. C 'est l'un des objectifs de l'ESA.
–Pourquoi est-ce si important ?
Le but ultime est d'aller sur Mars. Mais à l'ESA , Sommes convaincus qu'il est nécessaire de viser installé intermédiaire, la lune. Impossible de viser d'emblée un projet qui ne se concrétisera pas avant une cinquantaine d'années de distance.
Avec un tel délai impossible de mobiliser la classe politique.
–L' Europe veut donc planter un drapeau européen sur la lune? C'était la course dans les années 60 : au premier qui planterait son drapeau. Aujourd'hui l'état d'esprit a changé.
–Alors qu'allons nous faire? De l'exploration scientifique. Il y a rien sur la Lune. Si on y reste un certain temps, on se devrait imaginer des sources d'énergie entièrement renouvelable. Si cela marche, on pourra le faire sur la terre également. Au plan géopolitique, il est primordial pour nous, européens, de devenir dépendant en matière d'énergie. Aujourd'hui on dépend trop d'une série d'État dont le régime politiqueNe correspond absolument pas à nos valeurs.
-Votre femme travaille elle aussi, dans le domaine spatial. Vous en parlez beaucoup entre vous? Oui on en parle de ce qu'on peut faire pour promouvoir la science et la technologie. Comment donner un sens à notre vie via l'exploration spatiale? Nous sommes tous les deux engagés sur ces questions. J'ai grandi avec l'idée du progrès, avec l'idéal d'intégration européenne élargissement des droits sociaux. Aujourd'hui je me demande si l'Europe a encore un avenir. C'est pourquoi il est important de perpétuer le programme spatial européen, car l'espace fait toujours rêver.
–Votre métier vous passionne. Avez-vous aussi des activités terre à terre ? J'adore passer du temps famille. J'aime le football est la pêche. et aussi de rien faire… Dans notre société actuelle, il faut toujours avoir 1000 activités. Mais ne rien faire également très agréable. https://www.facebook.com/watch/?v=354547205985524
Frank, vicomte De Winne, le 25avril1961 né à Gand en Belgique, est un spationaute de l'Agence spatiale européenne (ESA)1. Il est le deuxième spationautebelge après Dirk Frimout et le premier astronauteeuropéen à commander l'ISS. Vous aimez nos articles ? Partagez les et faites découvrir le Mufon France !
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